Soutenance de thèse Johanna Schipper
17juin14h0018h00Soutenance de thèse Johanna Schipper
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L’Espace figuré. Les bandes dessinées issues de rêves parues en France, 1990-2020 Soutenance de thèse de Johanna Schipper, le 17 juin 2024 à 14h. Salle
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L’Espace figuré. Les bandes dessinées issues de rêves parues en France, 1990-2020
Soutenance de thèse de Johanna Schipper, le 17 juin 2024 à 14h. Salle des thèses, Maison de la Recherche, Université Bordeaux Montaigne.
Directeur de thèse : Pierre Sauvanet, professeur d’esthétique à l’Université Bordeaux Montaigne.
Membres du jury : Viviane Alary, professeure d’études hispaniques à l’Université Clermont Auvergne, Julien Béziat, maître de conférences en arts plastiques à l’Université Bordeaux Montaigne, Jean-Paul Gabilliet, professeur d’études nord-américaines à l’Université Bordeaux Montaigne, Laurent Gerbier, maître de conférences HDR en philosophie à l’Université de Tours et Perrine Ruby, chercheure en neurosciences cognitives à l’INSERM de Lyon.
Cette thèse en Arts (histoire, théorie, pratique) s’intéresse à un type spécifique de bandes dessinées : celles qui sont issues de rêves. Comme les récits de rêves bruts des surréalistes, ces nocturnaux graphiques rapportent dans une œuvre souvent courte un rêve authentiquement rêvé par son auteurice, sans autre commentaire ou mise en contexte qu’une date ou une mention concernant son contenu. Même les rêves relatés dans les bandes dessinées autofictionnelles ou autobiographiques ont été exclues de cette recherche, du fait qu’ils ont généralement pour but d’exemplifier les scènes de la vie éveillée. Dans le domaine franco-belge, sur les trois dernières décennies, les bandes dessinées issues de rêves paraissent chez des éditeurs indépendants, dans des fanzines, dans des blogs ou sur les réseaux sociaux. Ce sont des œuvres discrètes à l’authenticité parfois incertaine — quelque fois non attestée —, et elles sont le plus souvent autoéditées. La conception du rêve tenant à la culture, à l’âge et au genre du sujet, interdisciplinarité s’est imposée pour étudier presque six cents œuvres parues sur trente ans.
La bande dessinée comme médium et le rêve comme expérience subjective survenant au cours du sommeil, sont deux questions qui contraignent mutuellement. S’il n’est possible d’accéder au rêve que par le récit qu’il en est fait, la forme de ce récit va forcément modifier notre compréhension du rêve. Riche de presque deux cents ans d’histoire, la bande dessinée est une expression artistique en perpétuelle mutation, qui suit l’évolution de ses moyens de diffusion et de son écosystème culturel. Quant au matériau onirique, l’analyser exclusivement par le prisme de la théorie psychanalytique aurait amené à s’attacher davantage à l’inconscient psychanalytique, plutôt qu’au corpus lui-même. Pour parvenir à dépasser ces difficultés, les données de la psychologie clinique ont été mobilisées au même titre que les études portant sur le rêve et le sommeil, issues des neurosciences cognitives. Le point de départ a néanmoins été la modélisation du travail du rêve élaborée par Sigmund Freud, en particulier l’analyse du Rêve de la gouvernante française, une célèbre bande dessinée publiée dans L’Interprétation des rêves au début du XXe siècle. Une seconde articulation est faite autour de la manière dont le rêve était perçu par les artistes de bande dessinée du domaine franco-belge, de leurs préjugés ou de leurs attentes dans la pratique du nocturnal. Cette mise en contexte s’intéresse à trois générations d’auteurices, aux esthétiques véhiculées par leurs revues ou leurs supports de publication, ainsi qu’à l’enjeu du dévoilement de l’ultime intimité leurs rêves.
Cette approche socioanthropologique est suivie par une mise en lumière les principaux éléments de phénoménologie du rêve, tels qu’ils apparaissent dans les nocturnaux graphiques. Il en découle l’élaboration d’une une grille d’analyse qui redéfinit l’arthrologie de la bande dessinée — au sens où l’emploie Thierry Groensteen — à l’aulne de la phénoménologie du rêve : c’est l’espace figuré. Alors que l’arthrologie classique entend construire le sens dans une bande dessinée via un dispositif énonciatif séquentiel et principalement diachronique, l’espace figuré des nocturnaux graphiques fait émerger le sens par une disposition synchronique et chorégraphiée de ses caractéristiques ou qualités récurrentes. Cet espace se figure tout d’abord par l’exercice de la remémoration du rêve, mais il désigne aussi le résultat d’une opération cognitive qui transpose les figures du rêve dans la bande dessinée. Cette grille d’analyse originale a également servi à l’étude de l’onirographie de douze nocturnistes de bande dessinée, dont l’aîné est David B. et la plus jeune Madeleine Pereira. Johanna Schipper étant elle-même autrice de nombreuses bandes dessinées issues de rêves, sa thèse s’achève sur une partie poïétique dans laquelle son travail personnel est présenté et interrogé.
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Horaire
17 Juin 2024 14h00 - 18h00(GMT+02:00)
Lieu
Salle des thèses
Université Bordeaux Montaigne