JOURNÉE D'ÉTUDE : FAIRE-LECTURE

21nov8h4517h00JOURNÉE D'ÉTUDE : FAIRE-LECTURE

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Faire-lecture. Gestes de lecture dans le champ des arts plastiques

Qu’appelle-t-on lecture ? Que font les arts plastiques à cette notion longtemps réservée aux études littéraires ? Quelle(s) lecture(s) peuplent les imaginaires plastiques contemporains ? Dans L’invention du quotidien, Michel de Certeau définit la lecture comme « une pratique qui glisse à travers toutes sortes d’”écritures” encore mal repérées » (De Certeau, 1990, 246) : une carte, une ville, une image, un visage, etc. sont autant d’écritures qui appellent une lecture. La lecture n’apparaît donc plus seulement comme un exercice textuel, mais comme des manières de lire situées, découlant d’objets sémiotiques variés. Il s’agit alors d’interroger le lieu de la lecture, de comprendre son indiscipline et ce que les arts plastiques font à sa théorisation. Roland Barthes affirme aussi que « dans le champ de la lecture, il n’y a pas de pertinence d’objets […] : je lis des textes, des images, des villes, des visages, des gestes, des scènes, etc. […] je puis seulement leur trouver une unité intentionnelle : l’objet que je lis est seulement fondé par mon intention de lire : il est simplement : à lire, legendum, relevant d’une phénoménologie, non d’une sémiologie » (Le bruissement de la langue, « Sur la lecture », 1984, 38-39). Qu’il s’agisse de phénoménologie ou de sémiologie, la méthode se veut quoi qu’il arrive pragmatique. Par ailleurs, quand la lecture n’est plus définie comme un déchiffrement mécanique, elle se peuple d’affects. Georges Perec fait d’elle une expérience « socio-physiologique » : « Un certain art de la lecture – et pas seulement la lecture d’un texte, mais ce que l’on appelle la lecture d’un tableau, ou la lecture d’une ville – pourrait consister à lire de côté, à porter sur le texte un regard oblique (mais déjà, il ne s’agit plus de la lecture à son niveau physiologique : comment pourrait-on apprendre aux muscles extra-oculaires à “lire autrement”?) » (Penser/Classer, 2003, 117). Depuis le champ des arts plastiques, il serait donc question d’apprendre à « lire autrement », à prendre de côté la question de la lecture, à braconner son sens et ses enjeux. Quand lire est un « braconnage » (De Certeau, 1990, 239 sq), comme le suggère Michel de Certeau, l’activité liseuse sort de sa réserve littéraire pour s’exposer dans le champ des arts contemporains. La lecture, « geste de l’oeil » sécularisé, réaffirme son ancrage corporel et sa dimension affective. « Il faudrait [retrouver] les mouvements dans le corps lui-même […]. La lecture est devenue depuis trois siècles un geste de l’oeil. Elle n’est plus accompagnée, comme auparavant, par la rumeur d’une articulation vocale ni par le mouvement d’une manducation musculaire. Lire sans prononcer à haute voix ou à mi-voix, c’est une expérience “moderne”, inconnue pendant des millénaires » (De Certeau, 1990, 253-254). Le faire-lecture est à la fois un geste méthodologique et épistémologique, une méthode de recherche-création, une pratique intermédiale, un agir performatif. Le but de cette journée est de modestement entamer une réflexion, un état des lieux, autour d’un faire-lecture encore partiellement indéfini. Il s’agit, à plus long terme, de se demander comment penser la lecture en champ élargi, depuis la spécificité du champ des arts plastiques.

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Crédits photographiques : Adrianna Wallis, Les réponses, 2018, Nouveaux médias, Vidéo HD couleur, sonore, durée: 17’, Tirage : Edition 2/3, collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA, Bordeaux © Adagp, Paris.

Organisation : Barbara Bourchenin, MCF, UBM et Laurence Corbel, MCF, Université Rennes 2

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Horaire

21 Novembre 2024 8h45 - 17h00(GMT+01:00)

Lieu

Salle Alban Denuit - Maison des Arts

Université Bordeaux Montaigne

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