Séminaire TDM - Clément Puget : « Ecritures d'un "événement monstre" dans le cinéma d'Andrei Ujica. »SÉANCE ANNULÉE

08fev18h0020h00Séminaire TDM - Clément Puget : « Ecritures d'un "événement monstre" dans le cinéma d'Andrei Ujica. »SÉANCE ANNULÉE

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En réalisant Out of the Present avec une durée filmique de 92 minutes (qui est aussi le temps de révolution de la station Mir autour de la Terre) pour dérouler la chronique de l’année 1991 en Union soviétique, Andrei Ujica confirmait – en 1995 – que le traitement audiovisuel du temps réel/passé était une préoccupation majeure dans son travail. 

En effet, dès 1992, à la faveur d’une rencontre avec Harun Farocki et de l’influence de l’œuvre de ce dernier sur le cinéaste roumain, Andrei Ujica s’engageait avec l’artiste et théoricien allemand dans un projet filmique commun : Vidéogrammes d’une révolution. Un film-essai peut-être plus « révélationnaire » (Virilio) que « révolutionnaire » sur le devenir-archive et la médiation nécessaire des images en temps de crise politique – celle de décembre 1989 en Roumanie. C’est bien de cette année (1989) qu’il sera question ou plutôt – en pensant à Duby dans son rapport à l’événement – des traces que ce millésime a laissées dans le cinéma, et plus généralement dans l’Histoire et la mémoire collective, étrangère notamment. Car au-delà de la chute du régime communiste roumain, Vidéogrammes d’une révolution se présente comme une scène où dialoguent différentes sources audiovisuelles amateures et officielles, sous la direction du binôme Ujica/Farocki, dans un remontage du temps qui esquisse la chronologie d’un « événement monstre », celui des derniers jours du régime, fin décembre 1989. Il a été dit que cette révolution s’était « entièrement déroulée à la télévision » et son épilogue macabre – véritable événement audiovisuel – en est peut-être une vibrante attestation. Par l’usage ou plutôt l’écriture du réel, le media de masse télévisuel a écrit l’histoire des journées menant à la chute du régime de Nicolae Ceausescu. Mais s’il est « monstrueux », cet événement l’est d’abord – en suivant Nora – du fait de la redondance et de l’écho qu’il a suscités – dans un film suivant d’Ujica, L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu – mais d’abord sur le petit écran national. Monstrueux, il l’est aussi certainement pour le chercheur et l’historien notamment, confrontés au réel/vécu alors immédiatement pensé comme « histoire » en 1989. De fait, dans quelle mesure Vidéogrammes d’une révolution substitue-t-il aux description/déchiffrement/interprétation « vrais » une écriture de l’événement (Barthes) faite de paroles-voix off d’une part, et plans in situ commentés d’autre part ? Ce dispositif, apparemment commun en cinéma documentaire, sera questionné au regard de l’ensemble de l’œuvre d’Andrei Ujica qui, de Vidéogrammes… à L’Autobiographie… en passant par Out of the Present, n’a cessé d’interroger le temps et les (im)possibilités de son écriture dans des perspectives stimulantes.              

Historien de formation, Clément Puget est maître de conférences en Cinéma et audiovisuel et directeur du département des Arts à l’université Bordeaux Montaigne. Il enseigne également à Sciences Po Bordeaux. Membre de l’unité de recherche ARTES (https://artes.u-bordeaux-montaigne.fr/) et du Groupe d’études sur la guerre de l’université Bordeaux Montaigne (GER : https://ger.hypotheses.org/), il est par ailleurs chercheur associé à l’IRCAV (Sorbonne nouvelle). Ses enseignements et travaux de recherche portent sur les rapports entre histoire et cinéma (de la Première Guerre mondiale notamment), le cinéma documentaire, la notion d’archive ou encore les questionnements relatifs à l’écriture de l’événement et, précisément, de la bataille au cinéma et dans les sources audiovisuelles. Il est l’auteur de Verdun, le cinéma, l’événement (Nouveau monde, 2016) et a codirigé les ouvrages collectifs David Lynch et les arts (Ligeia, 2018), L’histoire en images. L’œuvre audiovisuelle de Marc Ferro (PSN, 2020) et A la recherche de l’Histoire du cinéma en France 1908-1919 (PUB, 2022).

Marguerite Vappereau est maître de conférence en études cinématographiques à l’université Bordeaux-Montaigne. Ses recherches portent sur le processus créatif, l’intermédialité et les expérimentations en politiques culturelles suivant des approches historique, génétique ou esthétique. Elle est membre du laboratoire ARTES. Elle a codirigé deux ouvrages collectifs sur René Allio (PUR, 2013 et PS, 2017) avec Sylvie Lindeperg et Myriam Tsikounas, un ouvrage sur le cinéaste arménien Artavazd Péléchian (Yellow Now, 2016) avec Claire Déniel, et, avec Katharina Bellan et Caroline Renard, un ouvrage sur le Centre méditerranéen de création cinématographique (PUP, 2021).

Le programme de l’année est accessible sur notre site : http://theatresdelamemoire.blogspot.com/p/blog-page.html

Informations pratiques : 

salle Jullian, au premier étage de la Galerie Colbert (INHA).
6, rue des Petits Champs ou 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Métro : Bourse (ligne 3) ou Palais Royal (ligne 1 et 7)

Cette manifestation est organisée par le groupe de recherche Théâtres de la mémoire est co-dirigé par Christa Blümlinger, Sylvie Lindeperg, Sylvie Rollet et Marguerite Vappereau

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Horaire

8 Février 2024 18h00 - 20h00(GMT+01:00)

Lieu

INHA - Salle Jullian

2 rue Vivienne

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