SÉMINAIRE TDM : LE POUVOIR DES IMAGES

« Le geste de montrer. Réflexions sur le dispositif de dévoilement des images du 7 octobre conçu par Tsahal »

Deux semaines après les massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas, l’armée israélienne organisa la projection d’un montage de 48 minutes composé d’images filmées par les terroristes eux-mêmes (à l’aide notamment de bodycams), par les victimes (avec leurs téléphones) et par différents appareils de vidéosurveillance (caméras municipales aux carrefours, privées dans les kibboutz et les maisons, dashcams embarquées en voiture, etc.). Jamais, semble-t-il, un événement criminel d’une telle ampleur n’avait été à ce point couvert par une telle multitude d’outils d’enregistrement audiovisuels. Ce montage fut par la suite projeté dans différents pays durant les mois qui suivirent, toujours selon un protocole très strict et à destination d’un public bien spécifique (journalistes, chercheurs, parlementaires).Nous voudrions nous intéresser ici au geste consistant à dévoiler de telles images, à les articuler et à en encadrer la diffusion. Ainsi, outre les effets attendus par Tsahal en termes d’orientation du discours tenu sur l’événement, nous nous demanderons ce qui se joue dans le fait : a) de poser un cadre de monstration (par opposition au déferlement sans fin de pures images d’horreur qu’il faudrait aller glaner soi-même sur internet) ; b) de réinscrire le chaos des images d’atrocités, par les scansions du montage, dans un enchaînement intelligible de faits (visant à défaire la paralysie de la pensée) ; c) et enfin, dans le fait de chercher à produire des images mentales que devra se façonner en lui-même le grand public, à qui l’accès aux images d’archives est refusé (pour des raisons qui nous semblent d’ailleurs parfaitement justifiées). En somme, il nous faudra interroger cet apparent paradoxe : d’un événement d’une violence inouïe qui fut couvert par une prolifération de caméras, le dispositif de monstration conçu par Tsahal ne laisse subsister que des images tierces, telles qu’elles ont été véhiculées par le langage via les comptes rendus des rares spectateurs ayant pu accéder aux projections.
Après avoir mené un double cursus en études cinématographiques et en philosophie, Ophir Levy a consacré son doctorat d’histoire du cinéma à la persistance de la mémoire et des images de la déportation au sein du cinéma contemporain, en particulier dans des œuvres n’ayant précisément aucun lien avec la Seconde Guerre mondiale. Sa thèse, intitulée Les Images clandestines (« Prix de la Recherche 2014 » décerné par l’Inathèque) a été publiée par les éditions Hermann en 2016. Ses recherches actuelles portent, d’une part, sur l’histoire et l’esthétique du cinéma israélien, et d’autre part sur les formes sonores en lien avec les représentations de la guerre. Membre du groupe de recherche en études cinématographiques « Théâtres de la mémoire » – Paris 1 (CERHEC), Paris 3 (IRCAV) et Paris 8 (ESTCA) – depuis 2004, il co-organise également, depuis 2016, le séminaire « Patrimoine et patrimonialisation du cinéma » (École des chartes, PSL, Labex CAP).
Par ailleurs, outre ses activités universitaires, il a développé par le passé différentes expériences professionnelles dans le domaine de la production (gestion de la société Diffiprod de 2001 à 2005) ainsi que dans le domaine de la pédagogie et de la formation (au Mémorial de la Shoah de 2006 à 2018).

Retrouvez le programme sur le blog du séminaire : https://theatresdelamemoire.blogspot.com/p/blog-page.html

Les auditeurs, étudiants ou collègues, de l’université Bordeaux Montaigne qui voudraient assister au séminaire peuvent demander un lien en écrivant à : marguerite.vappereau@u-bordeaux-montaigne.fr

Informations pratiques : salle Walter Benjamin, au rez-de-chaussée de la Galerie Colbert (INHA).6, rue des Petits Champs ou 2 rue Vivienne, 75002 Paris

Métro : Bourse (ligne 3) ou Palais Royal (ligne 1 et 7)