Sergueï Loznitsa, un cinéaste « tout contre » l'histoire

05avr18h0020h00Sergueï Loznitsa, un cinéaste « tout contre » l'histoireSéminaire TDM - En présentiel et en ligne

Détails

Présentation : Sergueï Loznitsa, un cinéaste « tout contre » l’histoire : Babi Yar et son contexte

Depuis la fin des années 1990, le cinéaste ukrainien Sergueï Loznitsa interroge à travers ses films le rapport que les sociétés postsoviétiques entretiennent avec leur passé. Que ce soit sur le mode du documentaire en prises de vues réelles, du remontage d’archives ou de la fiction, il traque les spectres de l’histoire communiste qui hantent aussi bien les espaces de Portrait (2002) que les images de Blocus (2005) ou encore les récits de My Joy (2010). L’ouvrage collectif Sergueï Loznitsa. Un cinéma à l’épreuve du monde (Presses du Septentrion, 2022), co-dirigé par Céline Gailleurd, Damien Marguet et Eugénie Zvonkine, accorde ainsi une place importante aux enjeux mémoriels qui traversent cette œuvre protéiforme, ainsi qu’aux « remontages de l’histoire » élaborés par Loznitsa à travers son travail sur les archives.

Le livre sera le point de départ d’une réflexion à deux voix (suivie d’un échange avec le public) qui tentera d’actualiser ces questionnements en se focalisant sur les dernières réalisations de Loznitsa, et en particulier Babi Yar. Contexte (2021). Depuis 2018, le cinéaste s’est entièrement consacré au genre du remontage, avec pas moins de sept films réalisés à partir d’archives audiovisuelles. Si les périodes historiques abordées et les fonds convoqués sont chaque fois différents (images du procès du Parti industriel pour Le Procès [2018], des funérailles de Staline pour Funérailles d’État [2019], de la Seconde Guerre mondiale en Ukraine pour Babi Yar. Contexte…), la forme adoptée est presque toujours la même : un montage sans commentaire qui fait appel à une sonorisation ainsi qu’à un nettoyage très poussés des archives. La réception de ces films, marquée depuis un an par le contexte de la guerre en Ukraine, donne lieu à débat, certains y voyant « une invitation à saisir l’histoire dans sa complexité et dans ses nuances (1) », d’autres dénonçant les manipulations du réalisateur qui tendraient à imposer, « derrière une intervention « d’auteur » », une vision biaisée des événement (2).

Il s’agira ici, dans un premier temps, de relier ces films au reste de l’œuvre de Loznitsa afin de mieux saisir les enjeux du traitement que le cinéaste réserve aux archives, tout en resituant ce travail dans une réflexion plus large quant aux rapports entre cinéma et histoire à l’ère du numérique. Nous nous intéresserons ensuite à l’expérience sensible que propose un film comme Babi Yar. Contexte, faite d’un inhabituel sentiment de la durée, d’une forme de dépaysement face à des images d’archives débarrassées des scories habituelles du support pellicule (poussières, rayures, micro-accidents dans le défilement) qui, d’ordinaire, tiennent le spectateur à distance (esthétique et temporelle) des scènes enregistrées. Entre présence et absence, vérité et facticité, nous chercherons ainsi à questionner les ambiguïtés de ce travail ainsi que ses résonances avec l’actualité.

Cette discussion sera prolongée le lendemain, jeudi 6 avril, lors du colloque « Histoire au présent – lieu(x) sans demeure ? Est-éthique et politique des images en mouvements », par une intervention de Damien Marguet et Ophir Levy portant exclusivement sur la notion de « présence » de l’histoire chez Loznitsa, entendue comme la restitution d’un certain déploiement au présent des événements, que ceux-ci soient saisis dans le moment de leur surgissement ou qu’ils nous soient rendus par le biais d’images d’archives dont le traitement visuel et sonore produit un déroutant effet de présence.


(1) Jacques Mandelbaum, « Babi Yar. Contexte : dans la mémoire sombre de l’Ukraine », Le Monde, 14/09/2022 : https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/09/14/babi-yar-contexte-dans-la-memoire-sombre-de-l-ukraine_6141582_3246.html
(2) Voir Valérie Pozner et Anna Shapovalova, « Film phare – film fantôme : le procès du Parti industriel en images et en sons (1930-2020) », Cahiers du monde russe, 2020/3 (vol. 61) : https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-monde-russe-2020-3-page-349.htm&wt.src=pdf

Ophir Levy est maître de conférence à l’université Paris 8-Saint-Denis et membre du laboratoire ESTCA. Son dernier ouvrage est Puissance politique des images (PUF, 2023) écrit avec Emmanuel Taïeb.

Damien Marguet est maître de conférence à l’université Paris 8-Saint-Denis et membre du laboratoire ESTCA. Il a codirigé en 2022 l’ouvrage collectif Sergueï Loznitsa, un cinéma à l’épreuve du monde (Septentrion, 2022) avec Céline Gailleurd et Eugénie Zvonkine.

Informations pratiques : 

La séance aura lieu salle Walter Benjamin, au rez-de chaussée de la Galerie Colbert (INHA).
6, rue des Petits Champs ou 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Métro : Bourse (ligne 3) ou Palais Royal (ligne 1 et 7)

La séance se déroulera en présentiel et en ligne, pour obtenir le lien zoom veuillez écrire à l’adresse : marguerite.vappereau@u-bordeaux-montaigne.fr

Voir le programme du Séminaire Théâtre de La Mémoire

Plus

Horaire

(Mercredi) 18h00 - 20h00

Lieu

INHA-Galerie Colbert

2 rue Vivienne, 75002 Paris

Poster le commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer